Dans mon précédent article je partageais une vidéo réalisée par la Galerie Templon qui consacre une rétrospective au sculpteur George Segal. Je m'y suis rendu hier et j'ai été impressionnée par la présentation et la mise en scène qui permet d'approcher les sculptures, de circuler autour d'elles, de vivre parmi elles.
Les personnages de Segal ne sont pas des sculptures au sens que l'on donne à celles de Rodin ou de Michel-Ange, ce ne sont pas non plus des sculptures hyperréalistes. Leurs matières particulières, les bandes plâtrées, conservent les traces de vie des personnes ayant servi de modèle : Segal les enveloppait de bandelettes et elles devaient rester immobiles le temps que le plâtre sèche. L'immobilité n'était pas totale et les légers mouvements du corps déplaçaient les bandes, c'est ce qui donne des vibrations aux formes. Les sculptures de Segal sont de faux vivants, symboles de la fragilité de la vie.
Une caractéristique du travail de George Segal est aussi de juxtaposer ses personnages avec des éléments d'environnement réels ou de les intégrer dans un environnement qui est lui-même recouvert de bandelettes, c'est l'ensemble qui devient sculpture.
J'ai été très émue par la mise en scène grise, sous une lumière blanchâtre, des femmes allongées en fusion avec leurs lits, enveloppées de draps, englouties sous les mêmes bandages, bien que semblant apaisées, encore plus que de la fragilité, elles nous parlent de la solitude et de la mort. Emue aussi par la femme nue, qui, dans le même univers gris, ouvre sa porte, sort de l'ombre et va vers la lumière : l'ombre est-ce la vie ou la mort. Si c'est la mort, elle va vers la vie, si c'est la vie elle va vers la mort mais la lumière est symbole de vie ... Les sculptures de Segal nous donnent à penser et à rêver.
Une remarquable exposition en Galerie, qui n'a rien à envier à celle d'un musée. Elle se termine malheureusement le 28 octobre. Si vous le pouvez ne la manquez pas.
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L'idée d'utiliser des bandelettes plâtrées serait venue à Segal en 1961 alors qu'il était peintre et donnait des cours. Il avait invité ses élèves à utiliser des matériaux insolites, et l'une d'entre eux était arrivée avec une boite de gaze à pansement. Segal eut l'idée de la plonger dans du plâtre puis de l'appliquer sur le corps. Nous connaissons la suite.
George Segal ,né à New-York en 1924 , est décédé en 2000. Associé au mouvement du Pop Art, il est considéré comme l'un des plus grands sculpteurs Américains.
GALERIE TEMPLON - 30 rue Beaubourg - PARIS
Images MP. Cliquer sur les photos pour les agrandir et les faire défiler.