A la fin du XVIIIe siècle, l'étude de la botanique entre dans une ère nouvelle avec les expéditions maritimes en Amérique, en Australie, en Afrique etc... d'où l'on rapporte des milliers de variétés de plantes dites "exotiques". Certaines ne survivent pas longtemps dans les serres, ou se conservent mal dans un herbier où le spécimen récolté est séché et accompagné du nom attribué par le botaniste ainsi que les date et lieu de récolte.
Des peintres s'attellent alors à la constitution de recueils sur papier vélin. Ce support traditionnel de l'illustration botanique est un parchemin très fin et très blanc obtenu à partir d'une peau de veau mort-né ou de veau de lait.
Au lavis à l'encre, à l'aquarelle ou bien gravé, les dessins exécutés sont extrêmement précis et consignent des détails comme le bouton, le pistil, les graines.
Le "Jardin royal des plantes médicinales" créé en 1635 devient le 10 Juin 1793 "Muséum national d'histoire naturelle" et principal centre mondial de recherche et d'enseignement de l'histoire naturelle. C'est dans cette institution que Pierre-Joseph Redouté en 1822 succédera à Van Spaendonck, comme maître de dessin. Sa première leçon publique en 1824 dans la galerie de Buffon attirera cent vingt personnes.
Mais revenons en arrière pour connaître mieux Pierre-Joseph Redouté.
Ci-dessous - Portrait de Redouté 1808-1809 peint par son ami François Pascal Simon Gérard, baron. Tous deux disposaient d'un atelier au Louvre
Né en 1759, dans une famille de peintres, il est formé à la peinture de décors et à l'art du portrait. En 1783 il quitte les Ardennes belges pour rejoindre son frère aîné à Paris. Deux ans plus tard il est un habitué du Jardin royal. Il y rencontre Gérard Van Spaendonck qui lui enseigne la peinture des fleurs à l'aquarelle et Charles-Louis l'Héritier de Brutelle, passionné de classification des plantes, qui lui fait participer à l'illustration de trois recueils. Il s'en suivra beaucoup d'autres dont le plus célèbre, Les Liliacées, publié en huit tomes de 1802 à 1816 qui répertorient quatre cent quatre-vingt six iris, amaryllis, glaïeuls, orchidées, aquarellés dans les serres du Muséum, à la Malmaison et chez des horticulteurs réputés.
Ci-dessous - Amaryllis de Joséphine - planche 40 du tome VII 1813, ouvrage sur papier 55,2 x 45 cm
Ci-dessous une vidéo de quelques magnifiques planches de Redouté. Si vous le souhaitez, mettre le son.
Deux sont des "gravures au pointillé". Elles sont gravées avec un instrument appelé "roulette" qui permet de juxtaposer très finement les points incisés dans la plaque de métal. Imprimé cela donne l'illusion du dessin.
Sous le règne de Louis XVI, Redouté était peintre et dessinateur du cabinet de la reine Marie-Antoinette. Après la révolution il devient "Peintre des fleurs de l'impératrice", il reçoit une pension annuelle de 18.000 Fr. Avec l'effondrement de l'empire et la disparition de Joséphine, Redouté connaît des difficultés financières, ses ressources proviennent alors essentiellement de la vente de ses tableaux de bouquets.
Ci-dessous 1822 - Redouté - Tableau de fleurs - Gouache sur vélin - exposé au Salon et acheté par le roi Louis XVIII
Ci-dessous -1835 - Redouté - Oreilles d'ours et Camélia - Aquarelle sur vélin - Les primevères ont des feuilles dont la texture évoque les oreilles d'ours
Ci-dessous - Bouquet de fleurs - aquarelle sur vélin
Ci-dessous - Papaver somniferum - 1839 - Gouache sur vélin
Ci-dessous - Offrande à Bacchus 1834 - Gouache sur vélin
Au XIXe siècle, la fleur envahit les objets du quotidien, porcelaine (Redouté vend cinquante et une études de fleurs à la manufacture de Sèvres), tissus d'ameublement, papiers peints, vêtements, mais se sont surtout les femmes qui œuvrent. Redouté a formé de nombreuses artistes dont Aline Corbin qui ouvrira à son tour un atelier.
Aline Corbin - Jeté de fleurs - photo Web
Ci-dessous - Marie Alexandrine Olimpe Arson - Cactus en fleurs - Aquarelle sur vélin
Pierre-Joseph Redouté décède en 1840, il sera surnommé le "Raphaël des fleurs": ... il les appelait les étoiles de la Terre ; à force de les voir, les admirer, de les aimer, il en savait les noms, les parfums, les mœurs, les tristesses, les joies, les amours .... (Jule Janin)
Dans l'exposition, d'autres peintres entourent Redouté :
Ci-dessous - François Pascal Simon Gérard, Baron - Flore caressés par Zéphyr - 1802 - Huile sur toile - 169x105cm - Musée de Grenoble
Ci-dessous - Simon Saint Jean, La Jardinière 1837 165x129cm - Lyon Musée des Beaux-Arts
Que dire de plus ? J'ai été enthousiasmée par cette exposition : elle m'a emmenée dans un monde délicat et rafraichissant, tout en finesse, elle a ranimé une passion pour les herbiers et les fleurs (j'ai travaillé ponctuellement sur ce sujet en gravure, à la gouache et au pastel).
Avant que l'automne s'installe définitivement, vous avez jusqu'au 29 octobre pour aller respirer le parfum des fleurs de Pierre-Joseph Redouté, et vous laissez charmer par le ravissant petit jardin du musée.
cliquez sur les photos pour les agrandir
Musée de la Vie Romantique - 16 rue Chaptal 75009 PARIS -
mardi au dimanche 10h 18h