Je n'étais pas très tentée par l'exposition Foujita au Musée Maillol, je me suis décidée alors que l'exposition se terminait. Je ne peux donc pas vous inciter à vous y rendre, je ne peux que vous proposer d'en voir quelques images. L'exposition s'est terminée hier ,15 juillet.
Que pouvais-je dire de Foujita avant d'aller au Musée Maillol : qu'il était un dandy japonais, lunettes rondes, petite moustache à la "Hitler", qu'il faisait la fête à Montparnasse, aimait les femmes et peignait des chats. C'est peu.
Il est vrai, les chats sont très présents. Je n'adhère pas à tout mais j'ai été séduite par la pureté de ses nus, corps blancs noyés dans des fonds blancs avec quelques patines grises et une ou deux touches de couleurs (les photos n'en rendent d'ailleurs pas l'éclat). Ses portraits d'enfants m'ont également beaucoup touchée.
Puis, lorsque je suis arrivée au seuil de l'espace des "grandes compositions", je n'ai pas pu retenir une exclamation, c'était si inattendue, si lumineux : une fresque chaotique, spontanée, grand carnet de croquis dont l'ensemble est unifié par le frottement et l'estompage d'une grisaille chère à Foujita. On y ressent l'influence de Michel Ange et de la chapelle Sixtine que Foujita a visité en 1921.
C'était une exposition à ne pas manquer.
Photos MP
Née à Saint Malo, Suzy Solidor (1900-1983) s'installe à Paris en 1920 espérant devenir mannequin. Elle rencontre Yvonne de Bremond d'Ars, célèbre antiquaire qui la propulse au devant de la scène. Le couple defraie la chronique. Elle entame une carrière de chanteuse en 1929. Dans le portrait de 1927, Foujita la représente en sage écolière, telle Claudine, femme libre de Colette.
Petite fille au chat 1929 / Petite fille au capuchon 1929 / Jeune fille à la pensée 1923 - Huiles sur toile
Foujita consacre une grande partie de l'année 1928 à la réalisation de quatre panneaux de trois mètres par trois, vraisemblablement destinés à la Maison du Japon de la Cité internationale universitaire de Paris ; cette commande devient un projet personnel à la suite d'un différend avec le commanditaire.
Tsugouharu Foujita nait le 27 Novembre 1886. Le Japon a rompu avec deux siècles et demi d'un nationalisme quasi féodal pour s'ouvrir aux influences extérieures, notamment occidentales. En même temps une vague de japonisme déferle sur la France, les peintres impressionnistes s'emparent de leurs compositions picturales.
Foujita apprend le français à l'école primaire. Adolescent il n'a qu'un rêve : se rendre à Paris.
En 1913, à 27 ans, diplôme des Beaux-arts de Tokyo en poche, après une traversée à bord du Mishima Maru de 45 jours, il arrive à Paris, via Marseille. L'une de ses premières visites est pour Picasso. Il est tout de suite accepté par le milieu montparnassien avide d'exotisme : Modigliani, Soutine, Zadkine, Pascin... Mais c'est la peinture du Douanier Rousseau, qu'il n'a pas connu (il est mort en 1910) qui le décide à se détacher de l'impressionnisme et à retrouver ses racines.
Début 1917, Foujita rencontre Fernande Barrey, peintre et modèle. Il l'épouse. Elle l'admire et l'encourage à exposer une centaine d'aquarelles à la Galerie Cheron. C'est la première exposition du fils du Général Foujita de l'Etat-major impérial et le début du succès.
En 1921, il est une notoriété dans le monde de l'art, il devient membre du Jury du Salon d'Automne.
En 1925, il est nommé Chevalier de la Légion d'honneur. Il gagne beaucoup d'argent. Il a quitté Fernande pour Lucie Badoud qu'il surnomme Youki ("neige" en japonais) à cause de la blancheur de sa peau... blancheur qui a sans doute inspiré ses nus blancs.
Un lourd redressement fiscal le fait retourner à Tokyo pour vendre ses œuvres.
En 1930, il quitte Paris avec son modèle Madeleine (Youki l'a quitté pour Robert Desnos) pour se rendre en Amérique Latine. Madeleine meurt d'une overdose. Il se rend ensuite au Japon, où il rencontre celle qui sera sa dernière épouse Kimiyo Horiuchi, puis à New-York.
Foujita revient à Paris en 1950. Il s'installe à Villiers-le-Bâcle, dans l'Essonne. Il obtient la nationalité française en 1955, se convertit au catholicisme en 1959 (il a eu une illumination mystique en visitant la basilique Saint-Rémi à Reims) et choisit comme prénom de baptême Léonard. Sa marraine est Béatrice Taittinger et son parrain René Lalou qui dirige la maison Mumm. Avec René Lalou il décide de bâtir et décorer une chapelle à Reims, la chapelle Notre-Dame-de-la-Paix, dite chapelle Foujita, qui sera terminée en 1966.
Foujita décède d'un cancer le 29 Janvier 1968 à Zurich. Il repose dans sa chapelle à Reims. Kimiyo le rejoint en 2009. Elle a légué les droits d'auteur de l'œuvre de Foujita à la Fondation des Apprentis d'Auteuil.
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Pour consoler ceux qui ont manqué l'exposition :
La maison-atelier de Villiers-le-Bâcle - 7, route de Gif - 91190
Tel 01 69 85 34 65 - samedi 14 à 17 h - dimanche 10 à 12 h/14 h 17h30
La chapelle Foujita - 33 rue du Champ de Mars - Reims
03 26 35 36 00 - tous les jours sauf mardi de 10 à 12 h et 14 h 18 h du 2 mai au 30 septembre