Le "Salon carré" , qui se situe à l'extrémité orientale de la grande galerie, fut longtemps un lieu d'exposition temporaire pour les artistes vivants. Aujourd'hui on y trouve habituellement les artistes italiens du 12e au 15e siècle, avec en particulier la célèbre "Bataille de San Romano" de Paolo Ucello.
Pierre Soulages a eu cent ans le 24 décembre 1919. A cette occasion, invité par le Louvre, il a souhaité être exposé dans ce Salon carré, ou une de ses toiles avait déjà été accrochée en 2009 près de la Bataille de San Romano.
Le Salon carré est le lieu de passage entre le Palier de la Victoire de Samothrace et l'accès à la Grande Galerie, autant dire qu'une foule le traverse sans cesse et que le choix de Pierre Soulages est idéal pour des visites privées, mais pour le public moins favorisé dont je fais partie, le brouhaha incessant trouble le ressenti.
Pierre Soulages est né à Rodez en 1919. Il a 7 ans lorsque son père décède, il est élevé par sa mère et sa sœur de quatorze ans son aînée. Aveyronnais il est formé au contact de la terre, de la pierre romane, des cailloux et des arbres. "Quand j'étais enfant, je peignais des arbres l'hiver. Je n'ai jamais peint des arbres avec du feuillage ou des choses comme ça...je commençais avec un arbre mais je transformais les formes des branches. Après tout un arbre c'est une sorte de sculpture abstraite. Ce qui m'intéressais, à cette époque là, c'était le tracé des branches, leur mouvement dans l'espace".
Le cèdre de Villefranche sur Rouergue (photo web)
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Et cela n'a sans aucun doute jamais cessé de l'intéresser ...
Certaines œuvres des années 50 contenaient des bruns, des bleus, des ocres et mêmes des rouges, qui le plus souvent apparaissaient par transparence.
Puis Soulages est allé peu à peu vers le noir, a renoncé au pinceau pour la raclette et la spatule lorsqu'il veut un écrasement ou étalement plus marqués des surfaces.
L’exposition du Louvre présente une vingtaine d'œuvres qui ponctuent les soixante dix ans de peinture de Pierre Soulages . Il décrit lui même l'évolution de son travail en trois manière de créer une lumière picturale : dans un premier temps avec le contraste des fonds clairs avec le noir (peintures au brou de noix où les ocres profonds font vibrer les fonds clairs). Deuxième période, superposition de plusieurs couleurs recouvertes avec le noir, puis en arrachant , en amincissant le couche noire, la couleur réapparaissait. "Puis finalement la période outrenoir où je travaille avec un pot de peinture noire, mais où ce qui me guide et ce qui apparaît quant on regarde les toiles - si on les regarde non pas avec ce que nous avons dans la tête, mais avec nos yeux -, c'est la lumière reflétée par le noir, transformée par le noir"
EXPOSITION A VOIR JUSQU'AU 9 MARS 2020
Et pour voir, écouter et admirer ce jeune homme de cent ans ...