Le château de Saché, au coeur de la Touraine, a été érigé au Moyen-âge et remanié à la Renaissance. Il a été mis au goût du XIXe siècle par son propriétaire de l'époque, Jean Margonne, qui y reçut souvent Honoré de balzac. A Saché de 1830 à 1837, Balzac travailla à l'écriture du "Père Goriot", des "Illusions perdues" et de la "Recherche de l'absolu" et surtout trouva l'inspiration pour écrire "Le lys dans la vallée".
Devenu Musée Balzac en 1951, le château accueille en ce moment des oeuvres de Pierre Alechinsky illustrant un essai peu connu d'Honoré de Balzac, le "Traité des excitants modernes", publié en 1839, en préface au livre de Brillat- Savarin "La physiologie du goût".
Dans cet essai Balzac décrit "les effets nocifs de l'absorption de cinq substances, découvertes depuis environ deux siècles, introduites dans l'économie humaine et qui connaissent des développements si excessifs que les sociétés modernes peuvent s'en trouver modifiées d'une manière inappréciable".
Les cinq substances sont l'alccol, le sucre, le thé, le café et le tabac. Balzac, qui n'était pas sans consommer ces substances - en particulier le café qu'il buvait sans modération - veut démontrer "l'influence sur les destinées humaines de ce qui entre dans la bouche". Il en fait tantôt la critique, tantôt l'éloge, cite des anecdotes, donne des recettes, prévient qu'elles peuvent mener à l'apathie et à la mort. Même si ce que Balzac démontre n'est sans doute pas toujours crédible, le texte reste passionnant, drôle et visionnaire : il devance notre récent "le tabac tue" inscrit sur les paquets de cigarettes ainsi que les recommandations sur l'abus d'alcool et de sucre.
Pierre Alechinsky ne fait pas une illustration mot à mot, on note deux ou trois allusions au texte de Balzac : le tabac qu'il exprime par une fumée de bateau à vapeur (Balzac parle "des prolétaires fumant comme des remorqueurs") ; un récipient pour évoquer le café ou le thé... Alechinsky reste toujours en retrait du texte, laisse aller son imagination et affirme "imager n'est pas concurrencer".
Pour l'édition publiée en 1989 (Editeur Yves Rivière), Alechinsky signe quatorze linogravures et sept eaux-fortes hors texte. Pour le livre, Alechinsky qui avait d'abord réalisé des eaux-fortes à l'aquatinte a finalement opté pour la linogravure compatible avec une presse typographique. Les sept hors textes sont des eaux-fortes en gravure profonde. L'exposition montre l'intégralité des illustrations associées à des extraits de l'essai. Viennent ensuite les variations plastiques déclinées en 1999 et 2009 : dix grandes encres marouflées sur toile et surmontant une prédelle d'une ou deux linogravures, puis les eaux fortes rejetées qu'Alechinsky complète et agrandit avec d'autres gravures en ajoutant des bordures peintes à la tempera.
Le château a réservé quatre salles aux oeuvres. Les autres pièces sont meublées XIXe : salle à manger, salon, chambre de Balzac, salle Rodin, et la "salle de l'imprimerie" où l'on peut admirer trois belles presses.
Une exposition à ne pas manquer si vous passez près de Saché, par contre ne boudez pas le plaisir de lire l'essai savoureux de Balzac.
Le château - photo MP
Photos Web
Inauguration de l'exposition en présence d'Alechinsky
Une plaque de linogravure, en dessous le tirage sur le livre -
photos MP
Les hors texte
Une plaque d'eau-forte sur cuivre, en dessous le tirage papier
Autres hors texte
photos Web
Quelques variations de 1999 et 2009
Les encres marouflées sur toile avec une predelle avec une ou deux linogravures
Les variations avec bordures peintes à la tempera
photo web
photos MP
Les grands formats
"Salle de l'imprimerie"
Une presse lithographique à corne
Une presse typographiqueUne presse à reliure
Jusqu'au 29 septembre 2013- Musée Balzac - 37190 Saché
Honoré de Balzac - Traité des excitants modernes - édition de poche Babel n° 122 - avec les reproductions des linogravures, des textes de Pierre Alechinsky et de Michel Butor.