AVANT PROPOS
Dans mon article précédent sur le Louvre-Lens, j'ai évoqué la "sinistre place de la gare" et la grisaille. Il n'était pas dans mon intention de tomber dans les clichés attribués généralement à la région Nord. C'est un fait : ce jour là il pleuvait et les rues étaient désertes. Je tiens aussi à redire à mes amis de cette région combien j'ai aimé ce musée, son architecture et sa collection semi-permanente, ainsi que la très belle scénographie de l'exposition Charles Le Brun.
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CHARLES LE BRUN - PEINTRE DU ROI-SOLEIL
Très impressionnante, effectivement, cette présentation du peintre du Roi-Soleil. Le bleu et le rouge nous plongent dans le faste royal de Versailles. A l'encontre, les lucarnes rondes qui ponctuent le parcours évoquent l'intimité d'une "mansarde", ouvertures indiscrètes sur les mystères des salles suivantes. ( est-ce là une évocation de Mansart devenu premier architecte du roi en 1681 ?)
Charles Le Brun est né en 1619 à Paris. Son père, Nicolas, est sculpteur, spécialisé dans la gravure des pierres tombales. Sa mère, Julienne de Bé, est issue d'une famille de maîtres écrivains. Charles est le troisième d'une fratrie de neuf enfants.
Sa première formation, au dessin et à la sculpture, vient probablement de son père. Il apprend la lecture en latin dans l'une des petites écoles de Paris, puis l'écriture.
En raison de l'appartenance de son père à la Communauté des maîtres peintres et sculpteurs de Paris, Charles Le Brun est exempté de l'apprentissage de cinq ans auprès d'un même maître. Sa curiosité le fait aller "d'école en école". Il se forme auprès de François Perrier puis dans l'atelier de Simon Vouet où il rencontre André le Nôtre et Pierre Mignard.
A douze ou treize ans selon ses biographes, mais sans doute un peu plus tard, il exécute un remarquable portrait de son père.
Pierre Séguier, premier grand officier de la Couronne, personnage important du royaume, découvre Le Brun en 1635. Il devient son protecteur (il le restera jusqu'à sa mort en 1672), lance sa carrière.
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Le portrait équestre du chancelier Séguier - huile sur toile 295x357cm - Musée du Louvre Paris. vers 1655 Le Brun n'indique aucune référence dans son tableau, il ne représente ni le lieu, ni le moment. L'espace est vide. Le tableau était resté dans la descendance de Séguier. Durant la seconde guerre mondiale, les propriétaires, inquiets de son avenir , l'ont offert au Louvre en 1942 qui l'a conservé au château de Sourches.
La production de jeunesse de Le Brun consiste en de petits tableaux préparatoires à des gravures.
Ci-dessous :
"Allégorie avec une femme et deux putti" - vers 1640 - huile sur bois
"L'Enfance" 1639-1640
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Première consécration à 21 ans. Le Cardinal de Richelieu lui commande un tableau, "Hercule terrassant Diomède".
Huile sur toile - 1640-1641 -290x188cm - Nottingham, Castle Museum
et dessin préparatoire.
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A la même époque, Poussin orne le plafond de l'appartement de Richelieu. Il aurait admiré le travail de Le Brun et suggéré que Le Brun l'accompagne à Rome. Séguier ordonne cet exil à Le Brun qui le vivra très mal.
Au bout de trois ans, après avoir copié les grands maîtres, il quitte la ville sans l'autorisation de Séguier.
Au retour de Rome en 1646, les commandes et les chantiers de décoration abondent.
Le Brun est parmi les jeunes artistes qui ont eu l'idée de demander la protection royale afin de se séparer de la corporation et de faire de la peinture et de la sculpture des arts libéraux : l'Académie était fondée.
Le Brun reprenant un dialogue avec Poussin peint "Le sommeil de l'Enfant Jésus dit Le silence" 1655 Huile sur toile - 87x188cm - Musée du Louvre Paris
La gloire vient avec Vaux le Vicomte. Le Brun est appelé par Fouquet, surintendant des Finances, pour concevoir la décoration des appartements d'apparat. Mais Le Brun a déjà travaillé pour Louis XIV au Louvre. Il a peint le plafond et un dessus de cheminée pour le Petit Cabinet. Il a aussi créé une œuvre éphémère, l'arc de triomphe au bout de la place Dauphine pour l'entrée de Louis XIV et de sa jeune épouse Marie Thérèse d'Autriche.
Le 5 septembre 1661, jour anniversaire du Roi, Fouquet est arrêté. Le règne personnel de Louis XIV commence et grâce à la confiance que lui accorde Colbert (né comme Le Brun en 1619), Le Brun obtient le titre de premier peintre au service exclusif du Roi. Il dirige les décors des principales résidences royales qui rayonneront dans toute l'Europe.
"Le Roi prend Maëstricht en treize jours - 1673 - détail de l'Europe - Voute de la galerie des Glaces - Château de Versailles
En 1665, Charles Le Brun prend la direction de la manufacture des Gobelins.
Dans les années 1667, Le Brun donne une série de conférences, voulues par Colbert, à l'Académie Royale (il en est le Directeur), dont une sur l'expression des passions de l'âme. Les gravures reproduites à partir des dessins de Le Brun ont été publiées à partir de 1690. Le Brun met aussi en confrontation sur une même page des têtes humaines et animales. Il humanise l'animal à un moment où la Querelle de l'âme des bêtes fait rage.
Au cours des années 1670 à 1680, Le Brun exécute pour le château de Colbert à Sceaux, le décor de la voute de la chapelle (détruite).
Il décore également la chapelle située dans le chœur de l'église Saint-Nicolas-de-Chardonnet à Paris (rue des Bernardins dans le 5e), qu'il a obtenu avec messe pour lui et son épouse "à perpétuité". Elle accueillera la tombe de sa mère, et plus tard la sienne et celle de son épouse.
Après la mort de Colbert il est tenu à l'écart par le Marquis de Louvois qui lui préfère Mignard. Le Brun exécute pour le roi, qui lui a conservé affection et confiance, des œuvres touchantes sur la vie du Christ. Il réserve une version de "l'Adoration des Bergers" à sa femme Suzanne Butay, sans doute son tout dernier tableau. Louvois le retiendra autoritairement pour le roi, malgré les supplications de Suzanne.
dessin préparatoire à la toile destinée à Suzanne - l'Enfant Jésus
Autre version de " l'Adoration des Bergers" - 1689
Le Brun s'éteint le 12 février 1690 dans sa maison de Montmorency.
Cette exposition sera, pour moi, la découverte de Le Brun peintre de chevalet à la sensibilité extrême, donnant aux traits de l'enfant Jésus et de la Vierge une douceur et une beauté émouvante. J'ai particulièrement admiré les cartons de la main de Le Brun.
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L'exposition est terminée depuis hier.
Photos MP