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Voir-ou-revoir

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Mes visites d'expositions, de musées et autres lieux culturels.


Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016

Publié par voir-ou-revoir sur 30 Août 2016, 07:12am

AVANT PROPOS

Dans mon article précédent sur le Louvre-Lens, j'ai évoqué la "sinistre place de la gare" et la grisaille. Il n'était pas dans mon intention de tomber dans les clichés attribués généralement à la région Nord. C'est un fait : ce jour là il pleuvait et les rues étaient désertes. Je tiens aussi à redire à mes amis de cette région combien j'ai aimé ce musée, son architecture et sa collection semi-permanente, ainsi que la très belle scénographie de l'exposition Charles Le Brun.

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CHARLES LE BRUN - PEINTRE DU ROI-SOLEIL

Très impressionnante, effectivement, cette présentation du peintre du Roi-Soleil. Le bleu et le rouge nous plongent dans le faste royal de Versailles. A l'encontre, les lucarnes rondes qui ponctuent le parcours évoquent l'intimité d'une "mansarde", ouvertures indiscrètes sur les mystères des salles suivantes. ( est-ce là une évocation de Mansart devenu premier architecte du roi en 1681 ?)

Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016

Charles Le Brun est né en 1619 à Paris. Son père, Nicolas, est sculpteur, spécialisé dans la gravure des pierres tombales. Sa mère, Julienne de Bé, est issue d'une famille de maîtres écrivains. Charles est le troisième d'une fratrie de neuf enfants.

Sa première formation, au dessin et à la sculpture, vient probablement de son père. Il apprend la lecture en latin dans l'une des petites écoles de Paris, puis l'écriture.

En raison de l'appartenance de son père à la Communauté des maîtres peintres et sculpteurs de Paris, Charles Le Brun est exempté de l'apprentissage de cinq ans auprès d'un même maître. Sa curiosité le fait aller "d'école en école". Il se forme auprès de François Perrier puis dans l'atelier de Simon Vouet où il rencontre André le Nôtre et Pierre Mignard.

Portrait de Nicolas Le Brun - huile sur toile - Salzburg
Portrait de Nicolas Le Brun - huile sur toile - Salzburg

A douze ou treize ans selon ses biographes, mais sans doute un peu plus tard, il exécute un remarquable portrait de son père.

Pierre Séguier, premier grand officier de la Couronne, personnage important du royaume, découvre Le Brun en 1635. Il devient son protecteur (il le restera jusqu'à sa mort en 1672), lance sa carrière.

cliquez pour agrandir
Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016
Le portrait équestre du chancelier Séguier - huile sur toile 295x357cm -

Musée du Louvre Paris. vers 1655

Le Brun n'indique aucune référence dans son tableau, il ne représente ni le lieu, ni le moment. L'espace est vide. Le tableau était resté dans la descendance de Séguier. Durant la seconde guerre mondiale, les propriétaires, inquiets de son avenir , l'ont offert au Louvre en 1942 qui l'a conservé au château de Sourches.

La production de jeunesse de Le Brun consiste en de petits tableaux préparatoires à des gravures.

Ci-dessous :

"Allégorie avec une femme et deux putti" - vers 1640 - huile sur bois

"L'Enfance" 1639-1640

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Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016

Première consécration à 21 ans. Le Cardinal de Richelieu lui commande un tableau, "Hercule terrassant Diomède".

Huile sur toile - 1640-1641 -290x188cm - Nottingham, Castle Museum

et dessin préparatoire.

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Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016
Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016

A la même époque, Poussin orne le plafond de l'appartement de Richelieu. Il aurait admiré le travail de Le Brun et suggéré que Le Brun l'accompagne à Rome. Séguier ordonne cet exil à Le Brun qui le vivra très mal.

Au bout de trois ans, après avoir copié les grands maîtres, il quitte la ville sans l'autorisation de Séguier.

Au retour de Rome en 1646, les commandes et les chantiers de décoration abondent.

Le Brun est parmi les jeunes artistes qui ont eu l'idée de demander la protection royale afin de se séparer de la corporation et de faire de la peinture et de la sculpture des arts libéraux : l'Académie était fondée.

Le Brun reprenant un dialogue avec Poussin peint "Le sommeil de l'Enfant Jésus dit Le silence" 1655 Huile sur toile - 87x188cm - Musée du Louvre Paris

Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016
Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016
Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016

La gloire vient avec Vaux le Vicomte. Le Brun est appelé par Fouquet, surintendant des Finances, pour concevoir la décoration des appartements d'apparat. Mais Le Brun a déjà travaillé pour Louis XIV au Louvre. Il a peint le plafond et un dessus de cheminée pour le Petit Cabinet. Il a aussi créé une œuvre éphémère, l'arc de triomphe au bout de la place Dauphine pour l'entrée de Louis XIV et de sa jeune épouse Marie Thérèse d'Autriche.

Le 5 septembre 1661, jour anniversaire du Roi, Fouquet est arrêté. Le règne personnel de Louis XIV commence et grâce à la confiance que lui accorde Colbert (né comme Le Brun en 1619), Le Brun obtient le titre de premier peintre au service exclusif du Roi. Il dirige les décors des principales résidences royales qui rayonneront dans toute l'Europe.

"Le Roi prend Maëstricht en treize jours - 1673 - détail de l'Europe - Voute de la galerie des Glaces - Château de Versailles

Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016

En 1665, Charles Le Brun prend la direction de la manufacture des Gobelins.

Manufacture des Gobelins d'après Le Brun - Portière de Mars
Manufacture des Gobelins d'après Le Brun - Portière de MarsManufacture des Gobelins d'après Le Brun - Portière de Mars

Manufacture des Gobelins d'après Le Brun - Portière de Mars

Dans les années 1667, Le Brun donne une série de conférences, voulues par Colbert, à l'Académie Royale (il en est le Directeur), dont une sur l'expression des passions de l'âme. Les gravures reproduites à partir des dessins de Le Brun ont été publiées à partir de 1690. Le Brun met aussi en confrontation sur une même page des têtes humaines et animales. Il humanise l'animal à un moment où la Querelle de l'âme des bêtes fait rage.

Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016
Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016

Au cours des années 1670 à 1680, Le Brun exécute pour le château de Colbert à Sceaux, le décor de la voute de la chapelle (détruite).

Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016
Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016

Il décore également la chapelle située dans le chœur de l'église Saint-Nicolas-de-Chardonnet à Paris (rue des Bernardins dans le 5e), qu'il a obtenu avec messe pour lui et son épouse "à perpétuité". Elle accueillera la tombe de sa mère, et plus tard la sienne et celle de son épouse.

Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016

Après la mort de Colbert il est tenu à l'écart par le Marquis de Louvois qui lui préfère Mignard. Le Brun exécute pour le roi, qui lui a conservé affection et confiance, des œuvres touchantes sur la vie du Christ. Il réserve une version de "l'Adoration des Bergers" à sa femme Suzanne Butay, sans doute son tout dernier tableau. Louvois le retiendra autoritairement pour le roi, malgré les supplications de Suzanne.

dessin préparatoire à la toile destinée à Suzanne - l'Enfant Jésus

Autre version de " l'Adoration des Bergers" - 1689

Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016

Le Brun s'éteint le 12 février 1690 dans sa maison de Montmorency.

Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016

Cette exposition sera, pour moi, la découverte de Le Brun peintre de chevalet à la sensibilité extrême, donnant aux traits de l'enfant Jésus et de la Vierge une douceur et une beauté émouvante. J'ai particulièrement admiré les cartons de la main de Le Brun.

cliquez sur les images pour les agrandir et faire défiler
Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016
Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016
Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016Charles Le Brun - Louvre-Lens - août 2016

L'exposition est terminée depuis hier.

Photos MP

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E
Des articles intelligente, claire et pédagogique, un grand remercie !!!
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N
Merci pour ton bel article qui me console un peu de cette frustration, j'aurais tellement aimé faire ce voyage avec toi.Dommage, une autre fois peut être! Tendres bisous.
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G
Merci Michèle pour ce bel article, je partage. Amitiés
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V
Merci Annie . Je t'embrasse
E
toute la magnificence, et le convenu du grand siècle ! des dessins de toute beauté ! merci, Michèle pour la façon que tu as de rendre les visites virtuelles aussi vivantes que "des vraies"
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L
Merci Michèle ! (Je partage). J'espère que cela vous fera plaisir ainsi qu'à mon ami Lucien ! Magnifique reportage. Je pense y aller bientôt.
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V
Malheureusement Liliane, l'exposition est terminé depuis le 29 août comme indiqué en fin d'article. Amicalement
C
Que dire de plus après toutes ces éloges ! Comme Rufus je ne connaissais que la célèbre peinture du Louvres et ton article m'apporte une multitude de details intéressants sur sa vie et son oeuvre que j'ignorais. Merci Marraine avec mes plus tendres bisous
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A
Beaucoup apprécié cette présentation et appris beaucoup de choses, par exemple à interpréter la présentation moderne d'oeuvres anciennes, j'avoue que sans vos explications, je me serais posé qques questions sur ces lucarnes! J'ai beaucoup aimé les dessins de préparation, peut-être plus que les peintures et si je connaissais les dessins de portraits d'animaux et d'humains, je les imaginais beaucoup plus proches de nous dans le temps. Merci Michèle.
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V
Bonjour Alma, l'idée des lucarnes est une interprétation tout à fait personnelle. Je n'ai aucune preuve que les organisateurs aient voulu signifier cela. Amicalement
L
Merci pour ce très bel article. Amitiés.
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R
Je n'avais en tête à la rubrique "Charles Le Brun" que son Chancelier Séguier sur sa monture, vu et revu au Louvre, et de vagues souvenirs d'œuvres à Vaux le Vicomte. Une fois encore je vais vous devoir, chère Michèle, une réputation de jeune homme fort cultivé. Comme toujours votre article est parfaitement mesuré et remarquablement illustré. Merci, merci chère Michèle, vous nous êtes indispensable.
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