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Voir-ou-revoir

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Mes visites d'expositions, de musées et autres lieux culturels.


"Les Halles" de Léon Lhermitte - avril 2014

Publié par voir-ou-revoir sur 11 Avril 2014, 16:32pm

Catégories : #Peintres

        Soyons honnêtes, avant d'avoir lu un entrefilet annonçant le retour, au Petit Palais à Paris, du tableau "Les Halles", son signataire Léon Augustin Lhermitte m'était totalement inconnu.
La curiosité, vilain défaut mais bonne qualité, me fait incessamment me rendre au Petit Palais pour découvrir ce peintre dont l'arrière petit-fils est Thierry Lhermitte,  acteur bien connu en France.

Léon Lhermitte (1844-1923) est né à Mont-Saint-Père dans le département de l'Aisne. Son père, instituteur, encourage son don pour la peinture et le laisse s'inscrire à l'Ecole Impériale de dessin à Paris, il a dix neuf ans. Il apprend la peinture de plein air avec Horace Lecoq de Boisbaudran, qui a également eu pour élèves Rodin, Legros, Fantin-Latour...
Il expose au Salon de 1864 des dessins proches de l'art de Millet. La consécration vient après 1880 avec des peintures de grand format et le succès populaire de "La paye des moissonneurs", que l'Etat lui achète le jour même de l'ouverture du Salon. Léon Lhermitte est consacré "peintre des paysans". Suivent alors commandes officielles et honneurs : Grand Prix de l'Exposition universelle 1889, Légion d'Honneur en 1884 (Officier en 1894 et Commandeur en 1911). En 1890 il adhère à la Société Nationale des Beaux-arts et en deviendra, à la suite de Rodin, vice-président. Il est élu membre de l'Institut en 1905.
En 1888, Léon Lhermitte est choisi pour exécuter un tableau destiné à l'Hôtel de Ville de Paris. Il propose de représenter les arrivages aux Halles.
Le tableau est exposé au Salon en 1895 où il obtient un grand succès. En 1902, cette oeuvre monumentale est marouflée sur un mur à l'Hôtel de Ville, dans le passage qui relie le cabinet du préfet au salon des Lettres. Le passage s' avérant un "passage où l'on ne passe jamais", l'oeuvre est déplacée et accrochée au Petit Palais. En 1942, nouveau déplacement : la toile est roulée et entreposée au dépôt municipal d'Auteuil puis d'Ivry. Elle tombe dans l'oubli.
En 2013, le tableau est restauré et prêté au musée de la Civilisation du Québec pour l'exposition "Paris en scène 1889-1914". Revenu en France depuis le mois de mars, il a retrouvé sa place initiale dans la galerie zénithale du Petit Palais.

Je découvre ce tableau d'une belle harmonie grise,   et suis immédiatement séduite.  Mon regard va et vient dans le fourmillement des personnages qui s'agitent au petit matin : marchande de soupe, porteurs de volailles, vendeuses de légumes et de fruits colorés...C'est une description réaliste des Halles de la "belle époque" et d'un passé révolu (les Halles ne sont plus, depuis 1969, dans le quartier du Châtelet mais dans le Val de Marne, à Rungis), d'ailleurs les personnages du tableau se parlent, s'interpellent, se regardent, mais aucun n'est tourné vers nous, ils vivent dans un monde éloigné du notre et comptent bien y rester. C'est le monde des Rougon-Macquart, plus précisément celui du "Ventre de Paris", et tout le tableau de Léon Lhermitte tient dans quelques pages du livre d'Emile Zola, dont voici un petit extrait :

".../C'était une mer. Elle s'étendait de la pointe Saint-Eustache à la rue des Halles, entre les deux groupes de pavillons. Et, aux deux bouts, dans les deux carrefours, le flot grandissait encore, les légumes submergeaient les pavés. Le jour se levait lentement, d'un gris très doux, lavant toute chose d'une teinte claire d'aquarelle.../...A l'autre bout, au carrefour de la pointe Saint-Eustache, l'ouverture de la rue Rambuteau était barrée par une barricade de potirons orangés, sur deux rangs s'étalant, élargissant leurs ventres. Et le vernis mordoré d'un panier d'oignons, le rouge saignant d'un tas de tomates, l'effacement jaunâtre d'un lot de concombres, le violet sombre d'une grappe d'aubergines, ça et là, s'allumaient ; pendant que de gros radis noirs, rangés en nappes de deuil, laissaient encore quelques trous de ténèbres au milieu des joies vibrantes du réveil./..../Cependant, la foule des bonnets blancs, des caracos noirs, des blouses bleues, emplissait les étroits sentiers, entre les tas. C'était toute une campagne bourdonnante. Les grandes hottes des porteurs filaient lourdement au dessus des têtes. Les revendeurs, les marchands des quatre-saisons, les fruitiers, achetaient, se hâtaient.../"

Installation du tableau au Petit Palais - (404x635cm) photo WEB

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    photo web
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Photos MP
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La paye des moissonneurs - huile sur toile 215x272 - 1882 - Musée d'Orsay PARIS - photo web
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Léon Lhermitte - photo web
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G
bonjour sauriez vous où je peux connaitre gratuitement la côte de cet artiste ? Merci
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V
Dans Google vous pouvez taper "cote Léon Lhermitte", il existe des sites comme Artprice mais il faut<br /> s'inscrire. Cordialement
T
Pour avoir travaillé dur sur l'avant dernier projet des halles j'apprécie ton article sur ce tableau et tous ces détails. J'ai connu les anciennes halles , notre atelier d'urbanisme a tout fait pour qu'on garde<br /> le bâtiment mais en vain. Je ne sais pas ce que va donner le nouveau projet je trouve que c'est un peu du gaspillage mais il faut voir. BONNE ANNÉE !
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P
Quelle belle découverte sur place, ce grand peintre qu'était Léon Lhermitte étant malheureusement tombé (temporairement ?) quelque peu dans l'oubli je crains en France (mais pas partout et des ventes e.a.aux USA en sont heureusement la preuve).<br /> De nombreuses œuvres dont p.ex son pastel &quot;L'étang aux canards&quot; datant d'appox. 1897 restent toujours appréciées. Monet et Van Gogh e.a. l'apprécièrent beaucoup.
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T
Beau documentaire qui reconstitue bien l'atmosphère de l'époque. Je suis très attachée au quartier des halles de Paris pour avoir travaillé dessus pendant plusieurs années.<br /> Maintenant attendons de voir le dernier projet pour le juger.
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C
très beau documentaire sur ce peintre intéressant que je ne connaissais pas
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E
merci infiniment pour cette découverte et ta belle analyse, Michèle.Je connaissais la paie de moissonneurs mais pas les halles. Toute une époque qui grouille... Talent incroyable des naturalistes,<br /> avant que la photo releve le peintre de ses obligations de témoignage..<br /> "vilain défaut mais bonne qualité" en effet c'est un effet paradoxal qu'on aie toujours les défauts de ses qualités, recto/verso, comme si la perfection n'était pas possible
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D
Comme d'hab', je quitte votre blog un peu moins ignorante. J'ai beaucoup apprécié le lien avec Zola.
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V
Voici une "redécouverte" magnifique. Cela fait du bien de nous refaire visiter nos anciens qui avaient un sacré coup de pinceau. Je ne manquerai pas d'aller au Petit-Palais. Un grand merci pour<br /> cette info.<br /> Bernard.
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L
Il y a toujours des découvertes à faire sur ton blog. Merci. Amitiés.
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N
Avant tout ne perds jamais ta précieuse curiosité, ta nouvelle trouvaille ne manque pas d'intérêt; la toile de Léon est impressionnante, les détails sont superbes. C'est parfait comme toujours.<br /> Tendre bisous.
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R
Je ne serai sans doute pas le seul à vous devoir une bonne connaissance de la vie et de l'oeuvre de ce Léon.Merci à vous, chère Michèle, pour votre très belle mise en scène.<br /> Je suis persuadé, d'autre part, que vous n'avez pas limité, là,votre visite au Petit Palais. S'il vous plait,Chère Michèle,ne nous punissez-pas .
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