Dans la cour du Musée du Louvre, tout autour de la pyramide, des petites fourmis s'agitent. Elles ne semblent pas très nombreuses, mais lorsque l'on pénètre dans la fourmilière elles s'entassent dans un bourdonnement assez infernal. Pour les éviter il suffit d'emprunter les escalators et d'atteindre le deuxième étage. Là règne le calme et la sérénité, et l'on découvre les salles, réaménagées il y a quelque temps, où les œuvres sont mises en valeur par les murs peints de différentes couleurs tendres.
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Ainsi ce 9 septembre, je parcours les salles de la peinture française , des Pays Bas et des Flandres du XIVe au XVIIe. A chacune de mes visites au Louvre je découvre ou redécouvre des peintures devant lesquelles j'étais passée peut-être trop vite. Un tableau nous interpelle selon notre état d'esprit , c'est le partage d'un moment particulier.
Je vous présente ici une dizaine de tableaux devant lesquels je me suis arrêtée longuement.
Deux tableaux de Josse LIEFERINXE, originaire du Hainaut, connu à Aix et à Marseille de 1493 à 1505 : "L' Adoration de l'enfant", et "La Visitation". Fragment de volet d'un retable de la vie de la Vierge.
"Les trois prophètes de l'Annonciation", Isaïe, Jérémie, et Ezéchiel, peints vers 1490, dont l'auteur présumé est jean Changenet actif en Avignon de 1485 à 1493. Etonnants portraits, aux coiffes luxueuses, proches de ceux des maîtres du quattrocento. Les prophètes, têtes tournées dans des directions différentes semblent guetter quelque chose, l'inscription sur la banderole nous guide : "Un rejeton sort de la souche de Jessé, un surgeon pousse de ses racines - Isaïe XI"
Un portrait somptueux de Jean Fouquet (Vers 1415-1420 à Tours) : "Guillaume Jouvenel des Ursins", Chancelier de France.
"La crucifixion du Parlement de Paris" (1450) de Maître Dreux Budé, avec un très beau détail, la Vierge Marie essuyant une larme et l'intéressant paysage de gauche où l'on aperçoit la Tour de Nesle, la forteresse du Louvre et l'hôtel du Petit-Bourbon. Au premier plan Saint Louis et Saint Jean Baptiste. A la droite du tableau Saint Denis et Charlemagne.
Je trouve plutôt comique le "portrait d'Henry IV représenté en Hercule terrassant l'hydre de Lerne", l'hydre symbolisant la ligue catholique et Henri IV devenant un héros, demi-dieu antique (peint par l'entourage de Toussaint Dubreuil vers 1600), au regard du beau portrait du "Flûtiste" de Jacob Bunel (1591) justement partenaire de Dubreuil au service d'Henry IV.
De la génération de Breughel, Pieter Huys se rapproche des œuvres de Jérôme Bosch avec "La tentation de Saint Antoine" 1547. Un détail frappant : la tour ronde basculée en avant qui présente une fausse perspective contrairement au reste du paysage.
Une très pure "Sainte Madeleine ou jeune femme lisant" (Maître des demi-figures premier tiers du XVIe) Maître des demi-figures, Maître du buste des femmes est le nom donné au XIXe siècle à ce peintre anonyme des Pays Bas du XVIe siècle.
Je suis attirée par l'incroyable ciel rose de "La scène de bataille biblique", "La défaite de Sennachérib ?" (Gillis Van Valckenborch - 1597) . Pas si incroyable d'ailleurs ! J'ai photographié le même de ma fenêtre il y a quelques jours.
Le tableau présente une foule chatoyante organisée en des centaines de petites compositions. J'aime beaucoup, au cœur de la bataille, le bouillonnement gris formé par les éléphants. Au premier plan, la femme qui tient un enfant dans ses bras montre son étonnement à la vue des anges chassant l'armée de Sennachérib. J'avais sans aucun doute cette même expression en découvrant mon ciel rose, mais je n'ai pas vu d'anges !
Sennachérib était un roi Assyrien qui menaça de détruire Jérusalem en 701 avant J.C. Son attaque menée contre Juda et Jérusalem est décrite dans la Bible. Sennachérib mit fin à sa campagne lorsque l'ange du Seigneur entra dans son camp, massacrant en une nuit 185.000 soldats. Sennachérib et les survivants regagnèrent leur capitale à Ninive sur l'Euphrate.
Un très beau nocturne architectural vers 1610-1620 "Intérieur d'église - effet de nuit" de Hendrick II van Steenwyk, avec ses deux discrets personnages.
Et pour finir l'admirable "Saint Pierre repentant" de Gérard Seghers - 1624-1629 - Le coq évoquant bien évidemment le reniement de Saint Pierre (rappel de la parole du Christ, "En vérité je te le dis : cette nuit même, avant que le coq ait changé, tu m'auras renié trois fois"). On retrouve ce coq sur tous les clochers de nos églises. Il existe plusieurs significations, dont celle qui symboliserait le reniement de Saint Pierre et rappellerait aux hommes leur faiblesse.
Je souhaite que cette courte visite vous ait été agréable ! n'hésitez pas à donner votre sentiment sur cet article en laissant un commentaire.
Bien amicalement à tous mes lecteurs