Le titre de cette exposition "ELECTRIC LADYLAND" ne semble pas, à priori, en rapport avec les installations de Julien Colombier. C'est en lisant le dossier de presse de l'Abbaye que j'ai su qu'il s'agissait du titre d'un album de Jimmy Hendrix que le peintre a beaucoup écouté durant la conception de son exposition. C'est plutôt une EXOTIC LAND que nous traversons, parfois en musique.
Bien sûr, Julien Colombier a un rapport avec le monde des graffitis, keith Haring ou Basquiat, mais s'il travaille dans l'esprit mural urbain, je trouve qu'il est très éloigné de la BD et de la représentation humaine. Il nous transporte dans la nature, dans un monde végétal mystique, et sans y donner une connotation péjorative, décoratif.
J'entre d'abord dans la salle du 'Parloir" qui invite à contrario au silence. Déchaussée je marche sur un patchwork de toiles colorées, sous un plafond de guirlandes argentées. J'ai été invitée à m'y asseoir, m'y allonger. C'est un lieu imprégné d'un mélange de cultures religieuses qui prête à la méditation, une sorte de "purgatoire", je plane entre la terre colorée et l'infini brillant et pur.
Puis il faut franchir le "Passage" : canyon ? ou peut-être passage spirituel, notre vie est "passage", du néant à la vie et de la vie au néant.
Ce passage là me transporte dans une forêt luxuriante (comment ne pas penser au Douanier Rousseau). Seule, perdue, je déambule accompagnée par la musique de Rubin Steiner. Aucune présence humaine dans l'oeuvre, aucune présence humaine à ce moment là dans l'exposition. Du purgatoire, le passage m'a menée dans un Paradis tropical. D'un côté des panneaux à la végétation colorée, de l'autre des vitraux "camouflage"...Si je n'étais pas seule j'aimerais être revêtue d'un vêtement reprenant leurs motifs pour rester invisible, seulement en osmose avec la forêt.
Encore une petite porte et c'est le "Nirvana".... des drapeaux sérigraphiés sur soie dans un atelier de Lyon (Vorace) flottent sous l'impulsion d'une bruyante soufflerie. Ils sont merveilleusement beaux ces drapeaux ! Vont-ils me happer et me disperser dans l'espace... paradis perdu.
Evidemment, comme cela peut se deviner, j'ai beaucoup aimé cette exposition qui se termine le 5 Octobre.
Et pour connaître mieux Julien Colombier
Un aperçu très animé de la musique de RUBIN STEINER, compositeur d'ailleurs très peu cité sur les documents, sauf à l’apercevoir dans la vidéo présentée à l'entrée de l'exposition.