Bacchus a été un sujet d'inspiration pour de nombreux peintres et sculpteurs. Il est le plus souvent représenté jeune (puisque comme Apollon sa jeunesse est éternelle) couronné de pampre, de lierre ou de figuier et tenant à la main un thyrse entouré de feuillage et de bandelettes, une grappe de raisin ou une corne en forme de coupe. Dieu romain de la Végétation et de la Vigne il est tantôt assis sur un tonneau, tantôt monté sur un char traîné par des panthères.
Certains artistes se sont intéressés à Bacchus enfant, notamment Claude Michel dit Clodion, avec un bas relief en stuc "La panthère de Bacchus défendant ses petits", réalisé en 1782 comme élément du décor de la cour d'honneur de l'hôtel Bourbon-Condé de Paris.
Ce long bas relief se trouve désormais dans la cour Puget du Musée du Louvre.
Une panthère furieuse, l'oeil noir, poursuit deux enfants "mortels" aux pieds dodus qui lui ont dérobé ses petits. Sur la droite, entouré de ses amis, petits satyres aux pieds de bouc, Bacchus couronné et tenant un thyrse à la main se précipite pour barrer le chemin aux chenapans.
Il m'est impossible de passer à proximité de cette bande d'enfants sans m'arrêter un instant pour les regarder vivre.
D'autres représentations de Bacchus enfant en peinture et sculpture sont aussi touchantes :
Bellini - Le jeune Bacchus - 1514 - National Gallery Washington (qui a un peu une allure de fille - voir l'histoire de Dionysos enfant plus bas)
François Boucher - Etude pour Bacchus endormi
Augustin Dumont - Leucothoé et Bacchus - 1828 - Musée des Beaux Arts de Grenoble
Silène portant Bacchus - Ie et IIe siècle - détail - Musée du Louvre
Henri Allouard - Bacchus - copie en plâtre - Musée de Pau
Et un "enfant Bacchus buvant" de Guido Reni - 1623 -
Musée de Dresde - Allemagne (déjà représentatif du Dieu de l'ivresse !)
La légende de Bacchus chez les romains est calquée sur le mythe grec de Dionysos. Brièvement ci-dessous l'enfance de Dionysos :
Zeus, sous l'apparence d'un mortel vint à séduire Sémélé, fille de Cadmos (fondateur de Thèbes)
Son épouse Héra, jalouse, prit la forme de la vieille nourrice de Sémélé (suivant d'autres sources la forme d'une vieille voisine), lui fit avouer le nom de son amant. Elle la persuada de demander à son mystérieux amoureux d'apparaître sous son véritable aspect. Sémélé demanda, Zeus refusa, Sémélé lui interdit sa couche. Furieux Zeus cèda et apparut avec tonnerre et éclairs. Sémélé fut consumée. Avant qu'elle n'expire Zeus délivra l'enfant et le plaça dans sa propre cuisse (parfois c'est Hermès qui est déclaré placer l'enfant dans la cuisse). L'enfant naquit deux mois plus tard.
Il est donc deux fois né, d'où son nom Dionysos.
Hermès confia l'enfant à Ino (soeur de Sémélé) en lui ordonnant de le déguiser en fille afin qu'il échappa à la haine d'Héra. Héra survint néanmoins, frappa de folie les nourriciers (Ino et son époux Athanas).
Sur l'ordre de Zeus, Dionysos fût alors transformé en chevreau par Hermès et confié aux nymphes du Mont Hélicon. Elles l'installèrent dans une caverne, le dorlotèrent, le nourrirent de miel. C'est sur le mont Nyssa que Dionysos découvrira la vigne et inventera le vin.
Un dernier épisode confirmant la jalousie "vindicative" de l'épouse du Maître des Dieux :
pour certains : Alors que Dionysos avait pris l'aspect d'un chevreau, les Titans, envoyés par Héra, le capturent, le déchirent membre à membre puis le dévorent. Athéna parvient à sauver son coeur, Déméter (ou Apollon?) lui rend la vie.
pour d'autres : Sur l'ordre d'Héra, les Titans s'emparent du nouveau-né, petit enfant cornu, à la tête couronnée de serpents, le coupent en morceaux, le font bouillir dans un grand chaudron. Secouru (il était temps) et reconstitué par sa grand-mère Rhéa, il revient à la vie.
NOTA - Pour les romains, Zeus est Jupiter, Héra est Junon, Hermès est Mercure.
Bacchus chez les romains, contrairement à Dionysos chez les grecs, n'a pas une grande importance. Son culte, les bacchanales, est pratiqué par des initiés ; les orgies et beuveries qui accompagnent ces célébrations prennent une telle ampleur qu'elles provoqueront un scandale et seront interdites par le Sénat romain en 186 av. JC.
Beaucoup plus tard les peintres feront des bacchanales un sujet, allant même jusqu'à y faire participer des putti !
Le Titien - Bacchanales pour Alphonse Ier d'Este - 1518-1520 - détail
Nicolas Poussin - Bacchanales de Putti