De la forteresse construire au Xe siècle par le redoutable guerrier et puissant comte d'Anjou, Foulque III "Nerra" ("le noir", surnom qu'il doit à la couleur de son armure), ne subsiste qu'un fragment d'enceinte, les vestiges d'une chapelle et deux pans de murs de la tour surplombant le château du XVe siècle.
Nota - cliquez sur les photos pour les agrandir.
En 1206, à la suite des victoires de Philippe Auguste sur Jean sans terre, Langeais entre dans le domaine royal français. En 1422, le château, occupé par des bandes armées, est racheté par Charles VII qui fait abattre l'enceinte excepté le donjon carré en pierre, le plus ancien de France.
En 1465, Louis XI confie à Jean Bourré, Trésorier de France et ami, la construction d'un nouveau château. Les travaux sont achevés en 1469. C'est à la fois une vaste demeure avec des ouvertures sur le jardin et la campagne, et face à la ville, une forteresse avec des tours et un pont levis (encore en parfait état de fonctionnement). Louis XI n'occupera jamais le château et en fera cadeau à son cousin, François de Dunois et de Longueville (fils du Dunois, bâtard du duc d'Orléans, compagnon de Jeanne d'Arc).
François de Dunois continue les travaux et aménage les grandes salles du rez-de-chaussée et du premier étage où seront célébrées au petit matin du 6 décembre 1491, le mariage de Charles VIII avec Anne de Bretagne. La mariée n'a que 14 ans, le marié 21. Un contrat a été signé : si le roi meurt, Anne s'engage à épouser son successeur (elle épousera Louis XII). Le mariage réunit la Bretagne au royaume de France.
Dunois se tue le 25 novembre 1491en tombant de cheval, il n'assistera pas au mariage qu'il a incité. Il n'a pas d'héritier, le château est vendu et les propriétaires se succèdent.
En 1886, Jacques Siegfried, négociant alsacien, s'établit à Langeais. C'est un grand voyageur qui a fait deux fois le tour du monde. Conseillé par des experts il entreprend de rendre au château l'allure qu'avait au XVe et début XVIe une demeure aristocratique. Il le meuble richement de lits, coffres, chaises, objets divers, avec aux murs tentures et tableaux. Il léguera Langeais en 1904 à l'Institut de France.
A la fin du Moyen Age la production des tapisseries est en plein essor, elles habillent les murs et protègent du froid et de l'humidité. Jacques Siegfried rassemble entre 1880 et 1900 des tapisseries de la fin du XVe et du début du XVIe, dont celles célèbres des "Preux".
Les "Neuf preux" sont cités dans le roman de Jacques de Longuyon, Les vœux du Paon, qui s'inspire de La légende dorée de jacques de Voragine : ce sont neuf héros guerriers qui incarnent l'idéal de la chevalerie de l'Europe du XVe : trois païens, Hector, Alexandre le Grand, Jules César, trois héros de l'ancien testament, Josué, le Roi David, Judas Macchabée, trois chrétiens, le Roi Arthur, Charlemagne, Godefroy de Bouillon. (La liste de "Neuf preuses", héroïnes mythologiques, sera crée par la suite, probablement par Jehan Le Fèvre dans Le livre de Lëesce).
Le château conserve sept tapisseries, il manque celles de Judas Macchabée et de Charlemagne. C'est la collection la plus complète que l'on puisse trouver aujourd'hui. Tissées à Aubusson ou à Felletin (Creuse), elles ont été réalisées entre 1525 et 1540 pour le seigneur du château de Chauray, lieutenant sénéchal du Poitou afin d'orner la grande salle de son logis. C'est un ensemble admirable, récemment restauré. Les couleurs, sans doute altérées, nous offrent encore une belle harmonie de bleus et de bruns.
Au XVIe, les "Neuf preux" sont un sujet à la mode. On les retrouve aussi en cartes à jouer. Il ne reste de nos jours dans les jeux classiques, que le carré de rois (Alexandre, David, César, Charlemagne). En architecture, le nom de ces neuf personnages a été donné à chacune des tours du château de Pierrefonds (Oise).
Bien meublé, salles ornées de grandes cheminées et de belles tapisseries, chambres confortables, le château de Langeais semble vivre encore. On ne visite pas Langeais, on y flâne et on y rêve, tout au long des alignements de pièces parfois peu éclairées, comme elles devaient l'être autrefois aux seules lueurs des chandeliers. L'atmosphère de cette fin de Moyen Age qui glisse doucement vers la Renaissance est renforcée par l'exposition de costumes Renaissance qui se tient dans les combles du château.
COSTUMES DE LA RENAISSANCE
A la Renaissance, le commerce et les échanges sont relancés grâce aux richesses du nouveau monde. En France, l'industrie textile qui traite essentiellement la soie, la laine et le lin est florissante (les villes les plus prospères Tours et Lyon). Les artisans se regroupent en corporation, les paysans se spécialisent dans la production des matières premières. Les hommes, tailleurs, rubaniers, passementiers fleurissent. Les peauciers fournissent les gantiers qui sont aussi parfumeurs. Les femmes font les travaux minutieux, le linge fin, la broderie, la dentelle.
La mode française subit les influences de l'Italie et de l'Espagne. Les poupées de mode, petits mannequins, circulent dans toute l'Europe.
Mesdames, je vous laisse rêver !
Messieurs, quittez pantalons et cravates, revêtez pourpoints et hauts de chausse, enfilez vos bas de soie, ajustez vos fraises !
Robes de nobles dames et gentilhommes français du XVIe (sauf la 2e - vénitienne et la 3e germanique), la dernière est une tenue de fillette dite "marlotte".
CHATEAU ET PARC DE LANGEAIS
37130 LANGEAIS
L'exposition "Costumes de la Renaissance" s'est terminée le 31 août.
photos de l'article MP sauf reconstitution du mariage de Charles VIII et la salle des Preux