FAUVE, ANARCHISTE, MONDAIN
La dernière grande exposition de Kees Van Dongen à Paris remonte à vingt ans en dehors de quelques toiles exposées au Musée Marmottan en 2009 lors d'une exposition intitulée de "Van Dongen à Otto dix".
Van Dongen est né en 1877 à Rotterdam dans un milieu catholique, austère et bourgeois. A 12 ans il travaille avec son père à la malterie. Il peint et dessine beaucoup et est inscrit à 15 ans à l'Académie des arts et des sciences de Rotterdam. en 1996 il fréquente les cercles anarchistes et illustre la couverture de "l'Anarchie" de Kropotkine.
En 1899 il s'installe définitivement à Paris et vit de dessins satiriques publiées dans Le Rire, Gil Blas, La Caricature et l'Assiette au beurre, puis Félix Fénéon, anarchiste et critique réputé l'introduit à la Revue Blanche.
1898 - plume, pinceau, encre, aquarelle, gouache - intérieur pauvre 376x259
Artiste anarchiste, libre, à contre courant et ayant toujours fait cavalier seul ce qui le rend "inclassable" Van Dongen, moins connu par le grand public (la preuve en est que la foule ne se presse pas au musée d'Art Moderne , une chance pour moi qui suis atterrée par celle qui se bouscule au Grand Palais !), a pourtant marqué fortement la peinture du début du XXè en Europe.
En 1905 il participe au salon d'automne, acte de baptême officiel du fauvisme sans figurer dans la salle ou exposaient Matisse, Derain et Vlaminck, il ne fait d'ailleurs pas partie de ce cercle d'artistes et Matisse ne l'apprécie guère, mais il hérite lui aussi du nom de "fauve".
En 1906 installé au Bateau Lavoir il ne partage avec Picasso qu'une adresse, mais il fait un portrait de Fernande Olivier.
Fernande Olivier - 100x81cm
Contrairement aux autres fauves qui s'orientent vers de nouvelles esthétiques, Van Dongen conserve sa palette violente, rouges lumineux luttant avec le vert des ombres, et en 1908 ses expositions chez Kahnweiler et Bernheim Jeune sont un succès.
le doigt sur la joue - 1910 65x54cm
Trinidad Fernandez 1910 - 100x81,2cm
Le chapeau rose 1907 - 39x35cm
Van Dongen, financièrement à l'aise, s'installe à Montparnasse en 1912 et organise de fastueuses soirées. C'est aussi l'époque ou il rencontre un grand succès à l'étranger. Influencé par un voyage en Egypte en 1913 sa palette change, les couleurs s'atténuent, les silhouettes s'allongent.
Il participe au 2ème Salon d'Automne avec "le nu au châle" qu'il nomme "Tableau". C'est un scandale, le tableau est décroché et l' incident ajoute à sa notoriété. Jusqu'en 1921 le Tout-Paris se pressera dans son atelier pour se faire faire un portrait.
tableau - 1913 - 195,5x130,5cm
Portrait de Renée Maha - 1920 - 146x113cm
Portrait de Madame Ricotti dans l'Enjoleuse - 1921 - 192x116cm
Parallèlement à la peinture Van Dongen pratique depuis sa jeunesse l'art de l'affiche mais l'utilisation qu'il en fait changera au cours des années, dans sa jeunesse elles militent pour l'idéal socialiste, à Paris elle deviennent son gagne pain et pour annoncer ses propres expositions. Dans les années vingt à côté des illustrations de livre, elle deviennent un moyen d'accroitre sa notoriété et il autorise le tirage, à partir de portraits qu'il a peints, d'affiches grand format.
Il dit, peut-être parce qu'il n'a pas su renouveler sa peinture, le top de sa carrière s'étalant de 1905 à 1920 : "Un tableau n'est rien que du non-sens ce n'est plus une chose de notre époque, trop fixée sur le rendement et l'efficacité"
A partir de 1936, le peintre sera sollicité par le monde du spectacle pour des portraits. Il exécutera celui de Brigitte Bardot en 1954, ce sera son dernier portrait et son avant dernier tableau.
Il meut en 1968 à Monaco ou il est installé depuis 1949.