J’aime le Centre Pompidou, j’aime la vue merveilleuse sur Paris depuis le dernier étage, lieu des expositions temporaires.
Une gigantesque reproduction d’un autoportrait à l’eau forte ouvre l’exposition.
autoportrait 1996 - eau forte 60x43 cm
Les salles se succèdent autour de quatre thèmes : « Intérieurs/extérieurs », « Reflexion », » Reprises » et « Comme la Chair ».
Lucian Freud est né le 8 décembre 1922 à Berlin. Son père architecte Ernst Ludwig est le plus jeune fils de Sigmund Freud et peintre amateur. Pour échapper au nazisme en 1934, la famille s’installe au Royaume Uni.
Lucian entre en 1938-1939 à la Central School of Arts and Crafts à Londres. Dans les années 1960 il forme avec son ami Francis Bacon et quelques autres « l’Ecole de Londres ».
En 2005 a lieu une exposition rétrospective de son œuvre à Venise.
Ce qui revient assez souvent dans les écrits sur Lucian Freud, c’est la sensation de malaise éprouvé devant ses nus aux poses provocantes. Je n’ai pas ressenti ce malaise, j’ai surtout ressenti fortement son art de peindre. La chair est de la chair vivante qui vibre et fait vibrer ce qui l’entoure. Il la peint dans des tons rouges, sables et ocrés avec des empâtements par petites touches. Il n’y a rien d’obscène dans ses nus, ce qui intéresse Freud c’est le coté animal des chairs affaissées et des rondeurs qu’il amplifie. Il faut être devant ses toiles, s’en approcher, s’en éloigner, ne pas juger sur de petites reproductions. On ne peut voir la splendeur du matelas aux raies vert olive ou repose le mollet de Leigh Bowery (idole de la scène gay londonienne) et le merveilleux fouillis des chiffons blancs sous sa tête à la vue d’une image.
détail« Nud with leg up »
Le travail de Lucian Freud est un travail de chevalet, ses modèles sont vivants, il ne part jamais de photographies. Les poses sont prises dans son atelier, sur un lit métallique, sur un matelas au sol, sur un fauteuil rouge. Les murs sont recouverts de traces de peintures (que l’on retrouve dans les fonds de ses toiles). J’aime particulièrement les nus étendus sur les accumulations des chiffons blancs avec lesquels Freud essuie ses pinceaux.
J’ai beaucoup admiré ses compositions et j’ai été étonnée de lire ce qu’a dit John Wonnacott à Freud « personne ne peut rivaliser avec vous pour peindre la chair mais vous êtes incapable de composer ». « Cela m’a fait plutôt plaisir, très bien ai-je pensé parce que j’avais l’impression que la façon dont je peignais semblait malaisée un peu comme la vie peut être malaisée dit Freud ».
Large Interior, Notting Hill - 1998 - 215x168cm
au travail de nuit - 2005, photo de David Dawson
"Peintre surpris par une admiratrice nue" 2005 - 137x106cm
Pour ses autoportraits Freud utilise le miroir, parfois posé au sol ce qui trouble la représentation dans l’espace.
"autoportrait reflet" - 2002 6 66x50,8
Le 13 mai 2008, un nu intitulé « Benefits supervisor sleeping », daté de 1995 est vendu aux enchères par Christie’s à Londres pour près de 34 millions d’euros : œuvre la plus chère pour un artiste encore vivant. Le modèle est Sue Tilley que l’on retrouve dans de nombreuses toiles.
"endormie près de la tapisserie aux lions" 1996 228x121cm
Il ne faut pas rater cette magnifique exposition , cet article n'en donne même pas une petite idée !!! Si vous êtes à Paris ou aux environs allez y elle dure jusqu'au 19 juillet.